Les nouvelles aventures des “Jeunes Pionniers”
Vous voulez être capables d’identifier des terroristes, d’aider des vétérans de guerre, être un bon citoyen, ou juste vous amuser avec des amis ? Une petite centaine d’enfants qui se sont réunis sur la Place Rouge dimanche matin disent qu’ils savent comment – en devenant un « pionnier ».
Les « Pionniers », qui étaient une machine politique nationale qui intégrait presque tous les enfants de 10 à 14 ans, ont célébré dimanche leurs 80 ans. Pour l’occasion, Gennady Zyuganov, le chef du Parti Communiste a rencontré une petite centaine d’aspirants membres devant le mausolée de Lénine et les a introduits dans l’organisation en nouant des foulards rouges autour de leurs cous.
“Toute ma vie, j’ai rêvé de devenir un Pionnier” dit Misha Pavlov, 11 ans, de Orekhovo-Zuyevo dans la région de Moscou. « Maintenant, je vais aider des vétérans de la guerre et ma famille », dit il, radieux. »
Ce système soviétique de l’enfance bien organisée s’était écroulé en meme temps que le regime en 1991. Aucune réelle solution de remplacement n’a été trouvée, bien que de nombreuses organisations de type scout aient émergé. Mais le mouvement des Pionniers, mené par des vétérans et des instituteurs a réussi à survivre, et se trouve sur le chemin du renouveau, comme le disent des membres et des dirigeants communistes.
Il y a environ 60 000 Pionniers en Russie, selon Zyuganov, et les officiels du parti disent que les célébrations de l’anniversaire de cette année à Moscou sont les plus importantes de la décennie. En plus de la cérémonie sur la Place Rouge ; un congrès d’organisations de jeunes, principalement des Pionniers venant des anciennes républiques soviétiques s’est tenu au palais du Kremlin pendant le week-end.
Les Pionniers, bien que toujours sous la férule du parti communiste, est devenu de moins en moins politisé. Sur deux douzaines d’enfants interrogés, aucun n’a pu vraiment dire ce que le communisme était. Beaucoup d’entre eux disent qu’ils croient en Dieu.
“Je crois en Dieu” dit Pavlov. “Pourquoi pas ?” le garçon n’avait visiblement pas conscience que pas plus tard que dans les années 80, une telle phrase aurait suscité de vives réprimandes pour lui et pour ses parents. Mais il avait l’air sûr de ses connaissances sur la vie des Pionniers dans le passé.
“Ils vivaient dans des tentes qu’ils faisaient eux mêmes. Ils devaient aussi trouver leur propre nourriture.” Dit Pavlov. La période de l’histoire soviétique à laquelle il faisait référence est restée vague…
Comme les temps ont changé, les slogans ont changé aussi. On ne demande plus aux Pionniers de construire le communisme ou de se battre pour la cause de la classe ouvrière, mais d’être présents pour la mère patrie, la bonté et la justice. Le salut standard, cependant, avec la main droite levée, est resté le même « Toujours prêts ! »
Le thème du combat contre les ennemis, semble t’il, n’a pas été complètement effacé de la mémoire collective des enfants russes. Selon Pavlov, le but principal des jeunes Pionniers est de défendre la mère patrie des ennemis, bien qu’il n’ait pas été capable d’en identifier un seul.
Nastya Donnik, 11 ans, et Biana Karasonova, 12 ans, du village de Novoye, à côté d’Orekhovo-Zuyevo, nous ont aussi dit que protéger leur pays était parmi leurs priorités en tant que Pionnières. Pour elles, les ennemis sont les terroristes, et elles ont prévu d’être vigilantes. Mais à quoi ressemble un terroriste ?
“N’importe qui d’étrange, ou avec un comportement suspect, ou inconnu, peut être un terroriste » dit Donnik. En les poussant un peu, les filles ont affirmé que des gens avec des cheveux sombres, du Caucase, « comme des Arméniens », étaient potentiellement suspects, mais elles ont vite été d’accord sur le fait que les terroristes sont justes des personnes mauvaises, peu importe leur nationalité.
Même les communistes chevronnés ont lâché du lest sur l’éducation politique de la jeunesse du pays.
« Je leur parle principalement de l’histoire de la guerre. Et il y en a beaucoup qui sont attentifs” dit Zoya Khrabrova, un vétéran de la 2nde guerre mondiale, qui organise les activités d’environ 150 Pionniers dans la ville de Naro-Fominsk, dans la région de Moscou. « Mais je crois au communisme, je crois que c’est ce dont nous avons tous besoin. Je suis au parti depuis 40 ans.”
La cérémonie de la Place Rouge a amené un grand nombre d’anciens Pionniers, parmi lesquels Sofia Ruzina, 88 ans, qui en 1929 était dans la délégation du premier congrès des Pionniers. « J’étais l’une des quatre personnes qui représentaient la Sibérie » dit elle. Ruzina a toujours sa carte d’identité du congrès, et aussi son foulard rouge et son badge.
« L’organisation des Pionniers survivra » dit elle. Maintenant, tout le monde ne pense qu’à l’argent à trouver. Pendant ce temps, nous nous battons pour des justes causes. » Ruzina dit qu’on lui a appris « à se battre pour la paix, le pain, le renouveau de l’industrie et l’éradication de l’illettrisme. »"
Zyuganov a saisi l’occasion de parler de son passé de Pionnier dimanche. Sa première tâche, en tant que Pionnier, a t’il dit, avait été de planter un jardin devant son école.
A la fin de cette cérémonie relativement courte, on a proposé à tous les invités d’aller présenter leurs respects à lénine dans le Mausolée.
« Cela fait plutôt peur. On avait l’impression qu’il pouvait ouvrir les yeux à n’importe quel moment » dit Katya, 11 ans, d’un village près de Podolsk.
Mais à part un petit choc de voir le corps embaumé du fondateur de l’Union Soviétique, les enfants n’ont pas eu l’air extrêmement intéressés de savoir qui Lénine était exactement.
A la place, katya et ses amis attendaient avec impatience d’organiser des fêtes, de faire des voyages et d’en savoir plus sur la vie.
Pourquoi est ce nécessaire d’être un Pionnier pour faire tout cela ?
« Parce que c’est plus intéressant comme ça”, a répondu le groupe de Pionniers.